Verdict 93 : La personne que tu rencontreras ce jour-là, que tu la connaisses ou non, t'offrira bientôt un présent plus précieux que tout ce que tu possèdes déjà. Ta mission sera de l'intercepter et d'attirer son attention sur toi devant le terrain de Quidditch. Le verglas sera l'obstacle qui te permettra de lui parler.


Elle avait beau chercher, il n'y avait pas le moindre verglas autour du terrain de Quidditch ce jour-là. Pas de match, pas d'entrainement. Cette personne, qu'elle devait rencontrer, devait être l'un de ses malins qui friment sur le terrain vide ou une personne plus solitaire, en balade. Elle ne savait pas, il n'y avait personne autour d'elle, elle était définitivement seule. Elle se mit à scruter le ciel. La pluie n'était pas de venir, il fallait donc précipiter un peu les choses. Si le verglas devait l'aider, il n'était pas là. À elle donc de le faire venir.

« Aguamenti ! »

Il y avait plus douée qu'elle. Mais quand il s'agissait de suivre les prédictions de l'oeuf de midi quinze, elle était bien plus déterminée à réussir. Le jet d'eau qui devait jaillir de sa baguette se fit attendre. Agitant sa baguette, vérifiant son humeur en soulevant une feuille peu loin, elle en conclut simplement que le sort fut mal jeté. Elle recommença. Deux fois, trois fois. Et l'eau se jeta sur le sol, formant rapidement une flaque. Elle se mit à sourire de toutes ses dents. Parfait.

Nouveau coup d'oeil autour. Personne. Parfait.

« Glacius ! »

Cette fois-ci, sa baguette cessa de jouer les capricieuses et un air glacé se fit sentir. La petite flaque qui s'était formée se mit immédiatement à geler, plutôt surprenant pour la saison. L'adolescente posa le pied sur le verglas nouveau-né. Son pied glissait, cela ne craquait pas, elle avait réussi. Il devait pouvoir tenir un petit moment.

Elle s'éloigna, s'asseyant sur le sol et plongeant son nez dans un bouquin, l'air de rien. Il fallait désormais attendre que l'attendu imprudent s'arrête à cause du verglas pour qu'elle puisse lui adresser la parole. Son coeur battait à toute allure. Cet objet... Quel objet ?

Elle était impatiente de le savoir.

Tout d'abord, cela avait été une jeune fille d'à peu près son âge, qui était apparu. Elle semblait chercher une objet, qu'elle aurait oublié ici. Peut-être s'agit-il de cet Objet que l'on devait lui offrir ? Grizel cogitait. Cela paraissait peu plausible, mais pourquoi pas ? Elle fixa la jeune fille qui trainait derrière elle un garçon. Déclic. Ce garçon, elle le connaissait. La même maison, à peu près son âge. Assez mignon aussi, ça plaisait à Grizel.

La jeune inconnue glissa sur la plaque. Elle, c'est elle qui doit lui donner l'Objet ! C'est elle qui s'est arrêté ! Grizel ferma son livre, prête à leur sauter dessus. Le garçon releva les yeux et la fixa.

« Griz? Qu'est-ce que tu fais là? »

Elle sursauta. Ah non ! Tais-toi, ce n'est pas à toi de parler, c'est à elle ! Grizel fit la moue et s'approcha de la jeune fille sans dire un mot. N'avait-elle pas le droit d'être ici ? Etait-ce interdit ? Cela lui sembla d'une telle évidence qu'elle laissa le silence répondre à sa place.

Elle attrapa les mains de la jeune fille, avec un grand sourire sur les lèvres.

« Bonjour ! Bonjour, bonjour ! Je suis désolée, mais je devais le faire ! Ce sont les prédictions qui l'ont dit ! Il fallait que je vous arrête par la glace ! »

Ses joues rougirent, c'était l'émotion. Impatiente de savoir, mais aussi heureuse que ce soit aussi rapide. Elle n'aurait pas tenu s'il lui avait fallu attendre des heures. Et tous les sorts qu'elle aurait dû jeter... ! Rah !

Elle jeta tout de même un regard au garçon, souriante.

« Mais bonjour toi, au nom étrange ! »

La jeune fille ne semblait pas apprécié sa petite chute. Toute personne normale aurait alors pensé « Par la barbe de Merlin, mais qu'ai-je fait, c'est complètement stupide, la pauvre ! ». Grizel, elle, pensait « Mon Dieu que cela risque d'être compliqué, ne peut-elle pas comprendre d'elle-même ? ». Sans regret, aucun, déterminée à poursuivre son but, à faire comprendre que OUI, elle devait le faire, il le fallait, elle n'avait pas le choix. C'est la faute aux prédictions.

Alors, elle souriait, presque bêtement, limite si elle ne sautillait pas sur place. Elle se retenait, et cela se sentait. La joie et l'excitation jaillissaient littéralement de ses yeux pétillants. Bref. Elle over-kiffait l'instant.

« Oui, oui ! Il le fallait, sinon, un autre événement n'arrivera pas, et là, ce sera la catastrophe ! Vraiment, vraiment ! Il faut me croire. Si ce n'était pas arrivé, l'Objet ne serait pas mien et — »

Elle s'arrêta. Non, l'Objet, elle ne l'avait pas encore. Et elle ne savait même pas ce que c'était. Elle fronça les sourcils, son nez bougea.

« MMMMMMMMMMH. Non, je n'ai pas encore l'Objet...Mais bientôt, tu me le donneras ! Si je ne l'ai pas, quelqu'un d'autre l'aura. Et quelqu'un d'autre fera un truc moche avec, c'est sûr ! C'est ce qu'a dit l'oeuf divinatoire ! »

À traduire : meuf, je suis Serdaigle, je suis folle mais j'ai toujours raison, écoute ma voix de dégénérée, fais et tu vivras. Sinon, tu finiras aussi barge que moi parce que je te saoulerai toute ta vie. Sois happy.

À quelques détails près. Elle souriait de nouveau bêtement, et se tourna vers le jeune homme.

« Si, si, si, je connais d'autres Grizel chez moi ! Y a la petite rousse un peu stupide qui adore les agneaux et la vieille dame qui radote ! C'est marrant, mais des comme toi, jamais j'en ai vu ! »

Enfantine, un peu naïve, elle se mit à se balancer, d'un pied à l'autre. Elle était impatiente de savoir ce qu'était l'Objet. Et l'état dans lequel était la jeune fille l'importait peu. Elle savait que ce n'était rien de grave, sinon l'oeuf l'aurait dit. Et elle ne l'aurait peut-être pas fait. Les prédictions sont précieuses, mais elles ne doivent pas nuire, du tout, du tout ! De toute façon, elles ne lui ont jamais dit de le faire. Ce n'est pas maintenant qu'elles commenceront, non mais !

Elle souriait.

« Ce sera vite guéri, et c'est une jolie anecdote ! Et c'est trop cool, les plaques comme ça ! …..aaaaaaah, non, elle a déjà fondu....... »

Le soucis des prédictions, c'est qu'elles disent qu'un truc va arriver, mais ne disent pas comment s'en démêler en attendant. Grizel n'avait aucune consigne quant à la réaction potentiellement très violente de la jeune fille qui était tombé. Elle ne savait pas quoi lui dire, la Grizel, ni pas quoi faire pour la calmer. Elle savait qu'il fallait qu'elle tombe, c'était primordial ! …. Mais maintenant ?

« Ah, non, non, non ! »

Elle jeta un coup d'oeil au garçon. Lui, il avait l'air plus modéré. Il pouvait peut-être l'aider, ne serait-ce qu'un peu … !

L'envie de se barrer vite fait se mit à naitre. Mais elle ne devait pas fuir, il fallait aller jusqu'au bout ! Elle se tut, se mit à réfléchir. Elle devait trouver la solution. S'en sortir, tout en respectant la prédiction. Elle se mordit la lèvre, et se mit à tirer sur ses manches. Bloody hell... Mais que faire ? Tout ce qui lui venait à l'esprit, était sa réponse au garçon. Réticente, elle ne répondit pas à la jeune fille, se tournant vers son camarade.

« La première personne qui s'arrête à cause de la glace, ce sera la bonne ! Pas une autre ! Donc, c'est elle !...Anna tu dis ? Mmh... »

Elle se mit à scruter le ciel. Quelques nuages.
Puis elle fixa le sol. Une flaque d'eau, plus de glace.

Mh. Non, décidément, rien pour l'aider.

« Vous, vous n'êtes pas bien bon en divination. Ca se voit. Sinon, vous ne prendrez pas cet art autant à la légère ».

Elle se remit à sourire bêtement, en se balançant à nouveau sur ses pieds.

« C'est un art, tout un art, la divination ~ ! Ceux qui s'y trompent sont mauvais, ou pas fait pour ça ! Mais je suis très douée, vous savez ! Je m'en sors bien. Et je connais plein de trucs pour l'avenir ! Je peux vous le lire si vous voulez. Sur les mains, dans les cartes, le thé ou les oeufs. Je vous assure, les oeufs aussi, ça marche très bien. Méticuleusement frappés contre un bord de table, ce qui reste de lui au sol en dit long sur l'avenir de la personne qui frappe l'oeuf. »

Elle fixa le garçon. Il était Serdaigle, il devait comprendre. C'était monnaie courante chez eux. Et pas que. On y trouve de tout et n'importe quoi. C'est pas la plus barrée. Mais elle s'en sort bien.

« C'est un ainé de Serdaigle qui me l'a enseigné. Mais il n'est plus, il est parti depuis un moment. Il faisait plus que ça, vous savez. Et il est le premier en divination, enfin, était. »

Et elle se mit à rire un peu, toute joyeuse. Oubliant même la menace qui planait sur elle.

Non, décidément, elle n'y mettait vraiment pas du sien. La jeune fille en face de Grizel répondait froidement, on sentait son agacement, son énervement. Tout ce que l'écossaise pouvait lui répondre était de larges sourires innocents, en espérant calmer un peu cette colère. Cela ne l'énervait pas, elle. Et cela aurait été déplacé de s'emporter, c'était elle qui avait "attaqué", qui avait blessé. Et puis mince. La prédiction.

La dite Anna avoua, agacée, ne pas être douée en divination. Elle parla d'une autre matière et lança une pique. Une pique. Oui, c'est ce que cela devait être. Mais Grizel vivait sur un petit nuage d'inconscience, elle ne le perçut pas ainsi. Du moins, n'en fut pas blessée. Elle se mit à rire encore un peu, sans répliquer, pour l'instant. Qu'aurait-elle pu dire ? “Tu devrais essayer, c'est super fun ?”. Parce que c'est vrai que cela l'était, elle avait déjà essayé. C'était marrant. Mais peut-être qu'ils auraient pensé qu'elle se foutait de leur tête ? Dans un élan de conscience, elle se tut. Elle riait juste.

Pas d'Objet, toujours pas. Grizel ne désespérait pas. Cela viendra. Elle en était sûre.

Le garçon suppliait son amie de lui donner quelque chose. Ça, par contre, fit réagir Grizel. Elle cessa de sourire et se mit à secouer la tête.

« Non, non, non, ça ne marche pas comme ça ! Fiiiiiiiichtre, vous ne comprenez pas ! »

Elle se mordit la lèvre.

« Enfin, fichtre... Par la barbe de Merlin ? C'est comme ça qu'on dit ? »

Elle tritura le bord de ses manches. Seule sorcière de sa famille étendue, elle avait toujours eu du mal à manipuler ce genre d'expression. Merlin. Chez elle, ce n'était qu'un mythe, une légende. Eux, disent qu'il a vraiment exister. Alors, soit ! Elle y croyait aussi. Mais de là à jurer sur sa barbe ! Son père jurait trop sur Dieu pour qu'elle se mette à la mode de Merlin.

« Enfin, bref ! Oubliez tout ça ! Oubliez, oubliez ! Je m'y prends mal je crois....»

Elle sortit une pièce de sa poche, un farthing, une pièce qui ne servait plus à rien. Voilà bien des décennies qu'elle était passé la trape, ce quart de penny. Il avait fini par devenir une sorte de porte-bonheur dans la famille, et Grizel s'en servait régulièrement, pour les petits dilemmes.

Elle tendit le bras devant elle et envoya la pièce en l'air. Un tour, deux tours, trois tours, et Grizel la plaqua violemment contre le dos de sa main. Elle jeta un coup d’œil. Pile. Positif. Elle grimaça.

« Pour l'amour de Dieu... »

Elle rangea la pièce, attendit un instant, et s'administra le plus gros facepalm mondial. Les deux mains, frappant son visage, et elle resta ainsi quelques secondes.

« Désolé, désolé, désolé, il semblerait que j'ai mal compris la mise en garde. Enfin, pas TOUT A FAIT. Je devais juste vous rencontrer. Visiblement. Mon Dieu, j'aurais dû vérifier au lieu de foncer... Euh. Enfin, ça tient toujours ! Mais c'est, euh .... Faut que je recommence demain... Sans doute, sans doute ! »

Et elle se remit à leur sourire bêtement, avec le voile de l'embarras sur la face.